mercredi 21 mars 2007

Texte d'Emile ZOLA

Au milieu, du grand silence et dans le désert de l'avenu, les voitures de maraîchers montaient vers Paris, avec les cahots rythmaient de leur roues, dont les échos bâtaient les façades des maisons, endormis aux deux bords derrière les lignes confuses des ormes. Un tombereau de choux et un tombereau de poix, au pont de Neuilly, s'étaient joint aux huit voitures de navets et de carottes qui descendaient de nanterre. Et les chevaux allaient tout seul, la tête basse de leur allure continu et paresseuse, que la montée ralentissait encore. En haut, sur la charge des légumes, allongeaient à plat ventre, couvert de leur limousine à petite raies noire et grises, les charretiers sommeillaient les guides aux poignets un bec de gaz, au sortir d'une nappe d'ombre, éclairaient les clous d'un soulier la manche bleu d'une blouse le bout d'une casquette, entrevus dans cette floraison énorme des bouquets rouge des carottes, des bouquets blanc des navets, des verdures débordantes des poix et des choux et sur la route, sur les routes voisines, en avant et en arrière, des ronflements lointain de charrois annonçaient des convois pareils, tout un arrivage traversant les ténèbres et le gros sommeils de leur matin berçant la nuit noir du bruit de cette nourriture qui passe.
Balthazar, le cheval de madame François une bête trop grasse tenait la tête de la file il marchaient dormant à demi, dodelinant des oreilles lorsque, à la hauteur de la rue de lontchamp, un sursaut de bêtes vinrent donner de la tête contre le culte de voitures et la file s'arrêta, avec la secousse des ferrails au milieu des jugements de charretiers réveillés.
Madame François, adossant à une planchette contre ses légumes regardait, ne voyait rien dans la maigre lueur jetée à gauche par la petite lanterne carrée, qui n'éclairait guère qu'un flan luisant de balthazar. hein ! la mer , avançons cria un des hommes, qui s'était mis à genoux sur ces navets... ces quelques cochons d'ivrogne.
elles s'était penchée, elle avait aperçu à droite, presque sous les pieds du cheval une masse noire qui barrait la route. c'était un homme vautré tout de son nom, les bras étendus, tombaient là face dans la poussière il paraissait d'une longueur extraordinaire, maigre comme un branche sèche; le miracle était que balthazar ne lui pas cassait, d'un coup de sabot. Madame François le crut mort, elle s'accroupit devant lui,lui prit la main,et vit qu'elle était chaude.


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